UNE ARNAQUE DE PLUS...
REBONDISSEMENT DANS L'AFFAIRE ENRON
Le rapport qui embarrasse Bush
Un texte rédigé par le bureau du député Henry Waxman parle, avec dix-sept exemples à l'appui, d'une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité. La Maison-Blanche dément toute collusion d'intérêts.
JEAN-COSME DELALOYE
Henry Waxman défie une fois de plus l'administration Bush. Dans un rapport qu'il a fait parvenir mercredi soir à 24 heures (lire le format pdf, 67ko), le député démocrate de Santa Monica (Californie) fait de nouvelles révélations dans l'affaire Enron. Il y décrit ce qu'il considère être une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité mis en faillite le 2 décembre 2001. Conclusions d'un texte qui n'a pas de valeur légale mais qui, selon l'assistante de M. Waxman, hier à Washington, «doit permettre de soulever de nouvelles questions»: dix-sept points de convergence entre les demandes émises par Enron et les recommandations de la task force sur l'énergie, de Dick Cheney.
Parmi les mesures préconisées: la privatisation de l'électricité. Henry Waxman rappelle avoir reçu une lettre du directoire d'Enron le 20 septembre 1999. Extrait: «Enron demande instamment au Congrès de passer une loi sur la dérégulation des marchés de l'électricité.» Waxman rappelle également que Kenneth Lay, président d'Enron et ami de Bush, s'est prononcé le 15 mai 1996 devant le Congrès en faveur d'une telle mesure. Le 17 mai 2001, la task force rend son verdict: il faut privatiser l'électricité. Projet indien Autre exemple de collusion selon Henry Waxman: le soutien du gouvernement pour les projets énergétiques en Inde. Le député rappelle qu'Enron possède 65es actions dans une installation de gaz naturel estimée à 3 milliards de dollars là-bas. A fin 2000, l'Etat indien du Maharashtra, seul client de l'installation, refuse, à la suite d'une dispute contractuelle, de payer l'énergie qu'il consomme. Enron demande un arbitrage le 12 avril 2001. Un mois plus tard, comme l'écrit Waxman, la task force préconise une collaboration avec l'Inde pour développer sa production de gaz et de pétrole.
Constatant les liens étroits entre Enron et l'administration Bush (le conglomérat a donné plus de 3,3 millions de francs au président deuis 1993 (lire 24 heures des 13 décembre 2001 et 10 janvier 2002), Henry Waxman demande, dès avril 2001, des explications à Dick Cheney. Quel rapport entre le géant de l'électricité et la task force sur l'énergie? Pas de réponse. Mutisme de Cheney L'Organe d'information du Congrès (GAO, voir calepin) décide alors de s'en mêler. Il souhaite obtenir des renseignements sur la composition de la task force ainsi que sur les listes de présence aux réunions de celle-ci. Nouveau refus vice-présidentiel. Face à l'insistance d'Henry Waxman, le bureau de Dick Cheney finit, le 3 janvier dernier, par admettre six meetings informels entre officiels de la Maison-Blanche et représentants d'Enron. Mais Waxman n'en démord pas et renvoie deux lettres (les 8 et 16 janvier) demandant plus de précisions à Dick Cheney sur ses rapports avec Enron. Hier, lors du point presse de la Maison-Blanche à Washington, Ari Fleischer, porte-parole du président Bush, a rejeté à maintes reprises les conclusion du rapport d'Henry Waxman: «Il y a plusieurs choses qu'Enron souhaitait obtenir qui ne sont pas inclues dans les recommandations de la task force. Les points retenus le sont parce qu'ils représentaient la meilleure politique énergétique pour le pays.» Et d'ajouter: «L'enquête qu'a suggérée M.Waxman (...) est un gaspillage d'argent public.»
Quant au refus du bureau du vice-président de dévoiler des informations sur la task force à l'organe du Congrès qui envisage aujourd'hui une action en justice pour les obtenir ? Ari Fleischer l'explique par le besoin de garder une certaine confidentialité sur les débats
Sources : Lien vers http://www.entrefilets.com/Rapp_Bush_enron.htm#wax>
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