REFORME DU RENSEIGNEMENT POUR MIEUX MANIPULE
17 décembre 2004
Bush promulgue la réforme du renseignement, avant de nommer un grand chef
Le président Bush a promulgué vendredi la plus grande réforme du secteur du renseignement depuis plus d'un demi-siècle, alors que trois ans après les attentats du 11 septembre 2001, leur instigateur Oussama ben Laden continue de narguer les Etats-Unis.
"Grâce à cette nouvelle loi, notre vaste secteur du renseignement sera plus unifié, coordonné et efficace. Cela nous permettra de mieux remplir notre devoir, qui est de protéger le peuple américain", a souligné George W. Bush en apposant sa signature à la loi adoptée par le Congrès la semaine dernière.
Destinée à recentrer les actions d'espionnage et de contre-espionnage sur la lutte contre le terrorisme, la réforme crée un poste de super-patron de l'antiterrorisme, avec le titre de Directeur du renseignement national (DNI).
Ce directeur, pas encore nommé, chapeautera une quinzaine d'organismes, notamment militaires, y compris la CIA et son nouveau directeur, le républicain Porter Goss, dont l'arrivée à la tête de la centrale il y a deux mois a provoqué des remous et plusieurs départs de hauts responsables.
Il sera épaulé par un Centre national du contre-terrorisme, coordonnant les missions, et assorti d'un Conseil indépendant sur le respect de la vie privée et des libertés civiles, pour limiter les abus.
Le secteur du renseignement pèse une quarantaine de milliards de dollars par an, contrôlés jusqu'à présent à 80% par le Pentagone, et occupe plusieurs dizaines de milliers d'agents.
Largement inspirée des recommandations de la Commission d'enquête indépendante sur le 11 septembre, qui a remis ses conclusions il y a cinq mois, la réforme a été poussée sans relâche par des familles des victimes malgré l'opposition de partisans du Pentagone réticents à réduire l'influence des militaires.
Elle a été critiquée par la plus grande organisation de défense des libertés civiles, l'ACLU, et suscite un certain scepticisme dans la presse, malgré un consensus sur ses objectifs.
M. Bush a souligné que les structures actuelles du renseignement avaient été établies en pleine guerre froide, alors qu'aujourd'hui "au lieu d'armées organisées, nous affrontons des réseaux sans Etat, des tueurs cachés dans nos villes, des technologies mortelles".
"Notre gouvernement s'organise pour faire face à ces menaces et les vaincre", a-t-il assuré.
La veille, Oussama ben Laden s'était de nouveau fait entendre, dans un message audio diffusé sur internet et authentifié par le renseignement américain, pour appeler à des attaques contre les installations pétrolières, notamment en Irak et dans le Golfe, et pour s'en prendre au régime saoudien.
L'espoir est de mettre un terme à tous les dysfonctionnements des services de renseignement, mis en cause pour n'avoir pas su empêcher les attentats de 2001, et pour avoir fourni de mauvaises informations sur le prétendu arsenal d'armes de destruction massive irakien.
La réforme entre en oeuvre alors que se font toujours attendre les conclusions d'une commission chargée d'expliquer l'origine des erreurs d'analyse sur l'arsenal irakien, et tandis qu'il manque encore un élément clé du dispositif de protection des Etats-Unis: le Département de la sécurité intérieure est encore en attente d'un prochain chef, depuis le retrait embarrassé de la candidature de l'ex super-flic de New York Bernard Kerik.
Accusé de conflits d'intérêts divers et de mener une vie personnelle agitée, M. Kerik, pourtant désigné officiellement par M. Bush, a dû renoncer il y a une semaine, pour avoir employé au noir une immigrée clandestine comme "nounou".
Sources : Lien vers http://www.courrierinternational.com/AFP/depeche.asp?obj_id=041217165856.ueg8otrw>
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