LES DROITS DE L'HOMME BAFOUES PAR BUSH...
Les Droits de l'Homme ne sont pas la préoccupation première de Bush. Il a attaqué l'Irak passant outre l'avis de l'ONU et causant la mort de milliers de civils. Tout cela pour détruire Babylone au nom de Dieu. Les mots Liberté et Paix dans la bouche du Missionné signifient guerre, occupation et pillage.
Bush-Annan, deux visions du monde s'affrontent devant l'ONU.
22 septembre 2004
Devant l'Assemblée générale des Nations unies, le président américain a réaffirmé, mardi 21 septembre, la légitimité de la guerre d'Irak et persisté dans sa volonté de remodeler le "Moyen-Orient élargi". Le secrétaire général a dénoncé un état de droit "mis en péril".
En temps normal, a commenté un dignitaire africain, "un discours comme celui-là, on l'aurait vraiment applaudi". Tous les mots y étaient : liberté, démocratie, dignité, sécurité, et même "ensemble", un terme que le président George Bush a employé à la fin de son discours, juste avant de citer des extraits de la Charte des Nations unies. "Chacun de nous, agissant seul, est limité dans ses réalisations, a-t-il dit. Ensemble, nous pouvons accomplir beaucoup plus."
Mais, dans la salle de l'Assemblée générale, les applaudissements ont surtout été protocolaires. Bien qu'il ait annoncé la création d'un fonds international pour la démocratie, dans lequel les Etats-Unis allaient incessamment verser une première contribution ; bien qu'il ait mis en garde Israël contre "l'humiliation quotidienne" des Palestiniens, une référence qui a été remarquée dans une enceinte où Yasser Arafat venait encore il y a quatre ans ; bien qu'il ait eu des mots sans ambiguïté sur le Darfour, George Bush n'a manifestement pas réparé, mardi 21 septembre, à l'ONU, les dégâts causés par l'intervention américano-britannique de mars 2003 en Irak.
ÉLANS "WILSONIENS".
Pas plus que l'an dernier, il n'a d'ailleurs fait amende honorable sur ce point. Si Kofi Annan, pressé par un journaliste de la BBC, a utilisé le terme "illégale"le 15 septembre pour qualifier la guerre, alors qu'il s'était auparavant borné à parler d'action menée "en dehors de la Charte -de l'ONU-" (qui définit les critères du recours légal à la force), M. Bush a indirectement répondu en rappelant que le Conseil de sécurité avait d'abord menacé l'Irak de "graves conséquences" en novembre 2002. Et devant l'inaction de l'ONU, une coalition de pays était heureusement "intervenue pour faire respecter les justes exigences du monde".
Aujourd'hui, a-t-il ajouté, les Etats membres doivent répondre à la demande du premier ministre irakien, Iyad Allaoui, et "faire davantage pour contribuer à l'instauration d'un Etat irakien sûr, démocratique, fédéral et libre". Ce ne serait que justice de partager le fardeau puisque, dans son esprit, la coalition œuvre pour la communauté en affrontant "les terroristes et les combattants étrangers afin que les nations pacifiques du monde n'aient jamais à les affronter à l'intérieur de leurs propres frontières". Il a assuré que les Etats-Unis se tiendraient aux côtés des Irakiens et des Afghans "jusqu'à ce que espoirs de liberté et de sécurité se réalisent".
Dans sa quatrième adresse aux Nations unies depuis l'automne 2001, le président américain a tenté d'entraîner la communauté des nations dans sa vision du monde. Si beaucoup pensent que les injustices, notamment économiques, sont aux racines du terrorisme, il met plutôt en cause pour sa part le déficit démocratique en notant que "les pays libres chassent les terroristes en leur sein".
Avec des élans "wilsoniens", selon l'expression du Washington Post, le président américain a fait référence, par exemple, au "pouvoir transformateur de la liberté" ou à l'universalité de la référence démocratique. "Lorsqu'il s'agit du désir de liberté et de justice, il n'y a pas de conflit de civilisations", a affirmé le président américain.
Mais si ses auditeurs ont apprécié les mots, ils ne pouvaient guère les dissocier de l'action des dix-huit derniers mois. "Il nous donne des leçons mais il ne les applique pas", a dit un ambassadeur africain.
Pendant le déjeuner, M. Bush et M. Annan ont échangé des toasts aimables. Selon leurs entourages, ils n'ont pas d'animosité l'un pour l'autre. Mais le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'ont pas la même vision. A l'appel de M. Bush à "agrandir le cercle des nations démocratiques", a répondu celui de M. Annan aux Etats membres de mettre leurs paroles en œuvre.
"DEVOIR DE PROTÉGER".
Comme en 2003, M. Annan a indiqué que l'organisation était à "la croisée des chemins". La situation lui a paru suffisamment préoccupante pour invoquer Hammourabi et son code, vieux de 3 000 ans, dont une réplique figure à l'ONU (l'organisation possède aussi une copie du premier traité de paix signé il y a plus de 2 000 ans par les Hittites). Un code, a-t-il dit, en vigueur "dans un pays qui aujourd'hui s'appelle l'Irak" et qui visait à établir "un ordre régi non par la loi du plus fort mais par la force de la loi". Il prévoyait déjà que les faibles devaient être protégés, et que les lois devaient être "promulguées publiquement et connues de tous".
Selon son entourage, M. Annan ne visait pas essentiellement les Etats-Unis, même s'il s'est permis d'évoquer la prison d'Abou Ghraib. "L'Etat de droit est en péril", a-t-il dit, et le plus élémentaire respect des civils et des innocents "foulé aux pieds".
Alors qu'il avait lancé après le génocide au Rwanda une réflexion sur le "devoir de protéger" qui incombe à l'organisation, M. Annan n'a pu que constater l'absence de volonté de la communauté internationale pour arrêter les exactions au Darfour. "Il s'y passe des choses qui, quelle que soit leur définition juridique, ne peuvent que choquer la conscience humaine, a-t-il dit. Ceux qui prétendent conférer la légitimité doivent eux-mêmes l'incarner ; ceux qui invoquent le droit international doivent eux-mêmes s'y soumettre."
Corine Lesnes
Sources : Lien vers http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3220,36-380018,0.html>
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